La Saint-Nicolas / de Kleeschen
Au Grand-duché de Luxembourg comme dans plusieurs pays européens, comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse mais aussi en Alsace et en Lorraine, il est une fête plus importante que Noël : également fêtée en Europe centrale et orientale, la Saint-Nicolas est attendue chaque 6 décembre avec la plus grande impatience par les petits et les grands !
Un peu d’Histoire…
On sait assez peu de choses de la vie de Saint-Nicolas. Né vers 270 à Patare, dans l’actuel sud de la Turquie, il y devint évêque de Myre et mourut le 6 décembre 345. Il a probablement participé au premier concile du christianisme à Nicée en 325.
Dès le Xe siècle, une grande basilique fut édifiée à Saint-Nicolas-de-Port près de Nancy pour abriter une relique (une phalange) ramenée d’Italie par un chevalier lorrain de la Basilique de San Nicola de Bari.
Le culte de Saint-Nicolas s’est beaucoup développé d’abord dans l’Eglise d’orient, puis en occident au fil des siècles, et sa légende a été savamment entretenue depuis le duché de Lorraine.
La basilique vers 1650 (Gravure d’Israël Sylvestre).
La légende de Saint-Nicolas et des trois petits enfants
Trois petits enfants étaient partis glaner aux champs. Sur le chemin du retour, ils se perdirent.
Après avoir longtemps marché, ils arrivèrent devant une maison toute illuminée. C’était l’échoppe d’un boucher qui leur proposa gîte et couvert pour la nuit.
Alors qu’ils étaient profondément endormis, le boucher les égorgea, les coupa en menus morceaux puis les mit au saloir.
Sept années passèrent et Saint-Nicolas entendit parler des trois petits enfants. Il se rendit chez le boucher et lui commanda du petit salé.
Voyant le boucher blêmir, le saint bénit et ouvrit le saloir : les enfants ressuscités sortirent tout frais du tonneau en déclarant avoir bien dormi.
… par Gérard de Nerval en 1842
Recueillie par ses soins dans la province du Valois en 1842, Gérard de Nerval narre la Complainte de Saint-Nicolas dans le journal La sylphide.
Ce texte sera à nouveau publié en 1856 sous le titre Les Filles du feu : chansons et légendes du Valois.
— Il était trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs.
— S’en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»
— Ils n’étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.
— Saint Nicolas au bout d’sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s’en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »
— « Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d’la place, il n’en manque pas. »
Il n’était pas sitôt entré,
Qu’il a demandé à souper.
— « Voulez-vous un morceau d’jambon ?
Je n’en veux pas, il n’est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n’en veux pas, il n’est pas beau !
— Du p’tit salé je veux avoir,
Qu’il y a sept ans qu’est dans l’saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s’enfuya.
— « Boucher, boucher, ne t’enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn’ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :
— Le premier dit: « J’ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »
Une tradition toujours vive au Grand-duché de Luxembourg
Jour férié pour honorer le patron des écoliers, Saint-Nicolas – Kleeschen en Luxembourgeois – et son âne apportent des friandises ou des cadeaux aux enfants qui ont été sages.
Mais Saint-Nicolas est aussi accompagné du père Fouettard – Houseker en Luxembourgeois – habillé tout en noir et doté d’un fouet, qui a pour mission de laisser aux enfants désobéissants ou cancres à l’école des morceaux de bois en lieu et place des bonbons.
Chaque année, le Cercle des Luxembourgeois à Paris organise des festivités autour de la célèbre place du tertre à Montmartre en partenariat avec l’ambassade du Luxembourg en France, l’association des commerçants du Haut-Montmartre, la basilique du Sacré-Coeur et la mairie du 18ème arrondissement.