Fête nationale du Luxembourg

Mir wëlle bleiwe wat mir sinn !</font>

Contrairement à ce que nous espérions en mars et en raison de la situation sanitaire, aucun événement ne sera organisé finalement pour la Fête nationale du Luxembourg du 23 juin 2020.

A Luxembourg, dans la ville haute, sur une maison ancienne à bow-window en échauguette, la devise « Mir wölle bleiwe wat mir sin » était peinte en rouge et bleu sur l’enduit blanc de la pierre. Cette inscription a résisté aux intempéries et existe toujours aujourd’hui.

Cette devise du Luxembourgeois, « Nous voulons rester ce que nous sommes », invite à une interprétation de bon sens. Si l’on considère, dans la géographie européenne, la superficie du Grand-Duché actuel, ancien département des Forêts, son importance est très limitée et cette devise peut, à première vue, traduire un esprit de supériorité et paraître théâtralement présomptueuse. Je me plais à la considérer plutôt comme une affirmation de la modestie et d’un mode de vie simple.

Il y a certes un aveu d’entêtement dans cette phrase péremptoire, qui fait penser à la tête dure du berger d’Asselborn, dans le « Klöppelkrich » (la Guerre des Gourdins), et à ses compagnons ardennais qui s’opposaient vainement à la gendarmerie napoléonienne avec, comme seules armes, des fourches et des bâtons de berger et c’étaient des grandes gueules.

Cette devise des Luxembourgeois exprime un esprit d’indépendance, de volonté farouche et de valeurs assumées simplement, aussi modestes soient-elles, et modestes elles sont. Si, au cours des siècles, le Luxembourgeois a été balloté entre les différentes puissances européennes, son caractère profondément tolérant était toujours resté ancré à sa racine, à son sol, à ses coutumes et à sa vie quotidienne dure, pauvre, travailleuse et chrétienne.

Et ce n’est pas pour autant qu’il se laissait, ou se laisserait, entourlouper ni par les bondieuseries, ni par les seigneureries. Il est resté ce qu’il est, et il tient à le rester, modeste, simple, digne.

Faire ce constat est rafraichissant à l’époque actuelle, où tant de « bling-bling » politique, social, intellectuel, religieux et autres mirages tournent et retournent autour de la terre et dans nos têtes.

Il n’y a donc pas de « m’as-tu-vu » élitaire dans cette devise mais plutôt l’axiome de la réalité et de sa limite métaphysique ainsi que l’héritage d’une exigence d’indépendance et de liberté d’esprit.

En ce jour de Fête Nationale, dont la date n’est pas liée à la mémoire d’un événement historique ou d’une victoire de guerre glorieuse, mais seulement à un anniversaire reporté en été, je vous transmets, sans Te Deum, sans fanfare, sans virus de Chine et sans discours pompeux, un Salut amical et fraternel.